Carbone, Bio, Sol : CARBIOSOL !

Prévenir la dégradation des sols et diversifier la production agricole sont deux des objectifs des données CARBIOSOL désormais disponibles sur le Géoportail de la Wallonie. Comme leur nom l’indique, elles permettent de connaître la teneur en carbone du sol mais aussi de la relier à la qualité biologique du sol.

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Carbone, Bio, Sol : CARBIOSOL !

C’est bien connu, et ce n’est pas les écoliers qui le contrediront, le carbone est essentiel à l’environnement et au développement des plantes en particulier. Il est présent en quantité variable dans le sol wallon et fait l’objet d’une attention particulière de la part de la direction de la Protection des Sols du Service public de Wallonie. Cette dernière, chargée notamment de prévenir la dégradation des sols, soutient et accompagne des travaux de recherche dont un des résultats, les données CARBIOSOL, est aujourd’hui visible sur le Géoportail de la Wallonie.

Carbone_Bio_Sol_CARBIOSOL

Carbiosol : Kezako ?

Dans le terme CARBIOSOL on peut identifier les mots : "Carbone" et "Sol" ainsi que l'abréviation "bio".

Pour cette dernière, petite précision importante, elle ne doit pas s'entendre, comme on a pris l'habitude de le faire, pour caractériser de la nourriture ou des produits dits "Bio" mais bien comme une simplification du mot biologique en lien avec la science du même nom.

Cela dit, le mot "CARBIOSOL" est le nom retenu pour le projet de recherche visant à développer des indicateurs biologiques et du carbone organique pour l'évaluation de la qualité des sols en Wallonie.

 
De CARBOSOL à CARBIOSOL

Menées par l'Université de Louvain (UCL) depuis 2004 et puis conjointement avec l'Université de Liège (ULiège) depuis 2013, les recherches précitées avaient initialement pour objectif de connaître la concentration de carbone organique du sol wallon (majoritairement les terres agricoles), d’où leur nom initial de « CARBOSOL ». Au fil du temps, la possibilité d’un lien entre la teneur en carbone d’une parcelle et sa qualité biologique est apparue et demandait une confirmation scientifique. Les recherches initiales se sont donc complétées et portent désormais le nom de « CARBIOSOL ».

 

Mieux connaître la teneur en carbone … mais pas que

Le projet a débuté à l'initiative du Service public de Wallonie et plus particulièrement de la Direction de la protection des sols, qui coordonne toujours actuellement le projet. En vue de répondre à ses missions de surveillance et de protection, la direction a initié la recherche qui poursuit 2 objectifs :

  • Assurer une surveillance optimale de la teneur en carbone des sols,
  • Établir et mettre à jour régulièrement une cartographie wallonne de la teneur en carbone des zones agricoles.

C'est cette cartographie, tant historique, puisqu'elle couvre la période allant de 1949 à 1972 pendant laquelle la toute première carte des sols de Belgique a été réalisée sur base d'une densité d'échantillonnage mondialement inédite, qu'actuelle avec une période 2004-2014,  qui se trouve désormais dans le catalogue du Géoportail de la Wallonie.

Si le carbone occupe la première place de la démarche, de nouvelles perspectives ont été mises à jour et complètent les études actuellement menées, iI s'agit principalement d'améliorer l'évaluation de la qualité des sols par le développement d'indicateurs biologiques complémentaires en lien avec le carbone organique du sol.

 

Connaître et protéger les sols, aider le monde agricole, …

On pourrait penser que de telles données ne sont utiles qu'au monde scientifique ou  aux spécialistes de l'étude des sols, ce n'est pas le cas. L'exploitation actuelle des données CARBIOSOL est double :

Connaître et protéger les sols en aidant à la décision

On est clairement ici au cœur des missions des Directions du Service public de Wallonie en charge de la protection et de l'assainissement des sols qui visent à étudier, prévenir et corriger la dégradation des sols conformément au décret régional sols. En se basant sur les informations CARBIOSOL disponibles, les acteurs concernés voient leurs décisions et actions facilitées.

 

enlightened Pour en savoir plus sur les missions de ces directions

 

Ajoutons à cela, le fait que les données CARBIOSOL servent également à mieux connaître certains phénomènes tels que l'érosion ou la compaction des sols.

 

enlightenedAccéder à la fiche explicative sur l'érosion     enlightenedAccéder à la fiche explicative sur la compaction

 

Enfin, la carte réalisée fait également partie du reporting environnemental wallon transmis régulièrement à l'Europe.

Aider le monde agricole

En vue d'aller plus loin, les modèles scientifiques issus de la convention CARBIOSOL sont désormais sortis des universités pour se voir confrontés et finalement confortés par les données issues des laboratoires provinciaux qui réalisent les analyses pour les exploitants agricoles. Là où initialement les modèles s'appuyaient sur quasi 600 échantillons, on en a désormais plus de 40.000.  Avec, au final, un renforcement des résultats et la mise à disposition auprès des agriculteurs d'une information utile sur la teneur en carbone de leur sol. Cette information leur permet de mieux gérer l'exploitation de leurs terres et d'avoir une réflexion sur une gestion responsable et durable du sol.

Sans entrer dans une explication purement scientifique, on peut distinguer deux types de carbone :

  • le carbone dit "stable", lié à l'occupation historique du sol et sa nature,
  • le carbone dit "labile",  lié à l'activité biologique du sol.

C'est ce dernier qui intéresse plus particulièrement les acteurs du projet "CARBIOSOL". A terme, l'idée est, toujours en collaboration avec le réseau des laboratoires provinciaux, de proposer à l'agriculteur un bulletin analytique complet couvrant au-delà des paramètres physiques et chimiques déjà disponibles, un volet biologique. Un bulletin qui permettrait donc de faire la distinction entre les deux carbones.  

 

Et après ….

Les données et services CARBIOSOL présents sur le Géoportail de la Wallonie constituent désormais un premier référentiel issu des recherches du même nom. Principalement disponibles à titre d'information, les données n'ont pour l'instant aucune valeur juridique ni caractère obligatoire.  Néanmoins, les résultats positifs des recherches menées et la poursuite de celles-ci laissent envisager de nouveaux usages et de  nouvelles perspectives, notamment en terme de production durable de la biomasse.

Aller au-delà des usages académiques et administratifs

C'est déjà le cas suite à l'extension des modèles CARBIOSOL vers le secteur agricole et les acteurs provinciaux mais la possibilité prochaine d'aider concrètement les agriculteurs à mieux connaître la qualité de leur sol via des outils de diagnostics mis à leur disposition  et ainsi à mieux l'exploiter et le respecter est réelle.

Disposer d'un référentiel reconnu

Et si, pour soutenir le pouvoir politique et l'administration dans ses démarches de protection et de sauvegarde des sols, le référentiel créé devenait un outil, non pas directement normatif, mais un outil reconnu, étroitement associé à la réflexion.

Se poser de nouvelles questions

Finalement, les réponses apportées aux premières interrogations visant à déterminer la qualité des sols amène les acteurs concernés à faire face à de nouvelles questions. En effet, si certaines zones sont reconnues comme qualitativement pauvres, on peut réfléchir aux moyens d'y remédier soit par apports de matières organiques (mais en maîtrisant l'apport associé d'azote, de polluants comme les métaux lourds …) ou soit en se diversifiant (techniques culturales simplifiées du sol, types de cultures implantées, rotation adaptée, …). Cela suppose donc aussi de réfléchir conjointement à l'impact et à la durabilité de ces apports et de ces nouvelles pratiques.

 

 

EN SAVOIR PLUS :

 

Acceder à la fiche descriptive des données CARBIOSOL      Accéder à la carte des données CARBIOSOL

Accéder à un tableau synthétique des données utilisées    

Accéder aux rapports sur les recherches CARBIOSOL (taper "carbiosol" dans le moteur de recherche qui s'affiche)

 

Merci à Esther Goidts de la Direction de la Protection des sols du Service public de Wallonie (esther.goidts@spw.wallonie.be) pour sa disponibilité et son aide en vue de la rédaction de cet article